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Analyse des impacts du bruit routier sur la consommation médicamenteuse dans l’étude Brouhaha de la cohorte de santé E3N

Date : Jeudi | 2024-04-18 à 12h30
Lieu : Salle des thèses

Lien TEAMS : Cliquer ici pour rejoindre le séminaire doctorant du LÉO

Julie LEDUC (LEO, Université de Tours)

L'impact néfaste du bruit généré par les transports sur la santé est bien documenté, avec une attention particulière portée aux effets cardio-métaboliques et psychologiques. Malgré une abondante littérature scientifique, des zones d'ombre persistent concernant certains aspects de cette problématique sur la santé. Dans cette étude, nous nous concentrons sur l'association entre le bruit routier et les différentes classes de médicaments selon la classification ATC (Anatomical Therapeutic Chemical), qui classe les principes actifs en fonction de leur cible thérapeutique selon cinq niveaux de granularité.
Notre étude transversale porte sur une population de 22 000 femmes résidant en Île-de-France (IdF) ou en Auvergne-Rhône-Alpes (AuRa) en 2014. Elle s'appuie sur les données de la cohorte prospective E3N (Étude Épidémiologique auprès des femmes de l'Éducation Nationale), composée initialement de 98 995 femmes françaises âgées de 40 à 65 ans et affiliées à la Mutuelle Générale de l'Éducation Nationale (MGEN) en 1990. Le géocodage des adresses des participantes a été réalisé à l'aide du géocodeur BD Adresse pour ArcGIs. L'exposition au bruit des transports des participantes a été évaluée à partir des Cartes Stratégiques de Bruit (CSB) et calculée en Lden (Niveau jour-soirée-nuit) pour les trois sources de bruit de transport : routier, ferroviaire et aérien. Les modèles ont été ajustés en tenant compte de la pollution atmosphérique par les particules fines de diamètre < 2,5 μm [PM2,5] et le dioxyde d'azote [NO2]. Nous avons étudié six modèles avec différents niveaux d'ajustement, incluant les caractéristiques personnelles (âge + IMC), les habitudes de consommation (tabagisme, alcool) et les habitudes de vie (apport calorique, activité physique). Chaque individu a été classé dans un groupe d'exposition en décibels correspondant aux seuils de risques sanitaires définis par l'Organisation Mondiale de la Santé. Nous avons utilisé un modèle logit en créant une variable factice prenant la valeur 1 si la femme avait consommé la molécule de chaque classe ATC. Les rapports de cotes estimés (OR), reflétant le risque de consommer la classe de médicament en fonction de l'exposition au bruit, ont été calculés avec leurs intervalles de confiance associés (IC à 95%) pour chaque catégorie.
Nous avons observé une association positive entre l'exposition au bruit routier et le risque de consommer certaines classes de médicaments. Les détails de ces résultats seront présentés lors du séminaire ; ils viennent corroborer les conclusions de la littérature existante et ouvrent de nouvelles voies de recherche sur des effets de santé encore peu explorés. Cette étude souligne l'importance d'une compréhension approfondie des effets sur la santé de cette pollution, étant donné que plus de 50% des Européens sont exposés au bruit des transports. Le deuxième volet de cette étude met également en lumière les coûts sanitaires qui y sont associés, soulignant ainsi le besoin de politiques de santé publique efficaces pour réinternaliser ces coûts.